PFE - Habiter Akulivik - 2014

Diplôme d'architecture "Habiter Akulivik", présenté vendredi 4 juillet, Mention Très-Bien.
Directeur Daniel Estevez, Patrick Perez.

Le projet "Habiter Akulivik" comprend deux volets : "Habiter le territoire" présenté par Emmanuelle Déjos et "Habiter les saisons" présenté par Florian Craïssac.


Réalisé avec Florian Craïssac, ce Projet de Fin d’Etudes « Habiter Akulivik » s’inscrit dans une longue réflexion menée sur l’habitat HLM au Nunavik (Canada) fixée dans notre mémoire de mobilité lors de l’échange de mobilité internationale à l’Ecole d’Architecture de l’Université Laval de Québec.

Les Inuit qui vivent dans cette région sont un peuple de chasseurs-cueilleurs qui se déplace sur le territoire de façon cyclique, suivant les saisons. Leurs habitats, traditionnellement nomades, étaient constitués d’une pièce principale et d’un porche. Ils étaient construits en neige, tourbe, bois flottés, os, pierres, et peaux.

A partir du 17ème siècle, des missionaires s’installent ainsi que la Compagnie de la Baie d’Hudson qui pratique la traite des fourrures avec les Inuit. Les autochtones s’installent petit à petit autour des postes de traites, se sédentarisant de plus en plus. Face à ce phénomène et aux problèmes sanitaires, le gouvernement envoie des « matchboxes » (petites maisons d’habitation en bois préfabriquées) dans les années 1950. Treize villages sont créés le long des côtes. Le gouvernement tente d’apprendre aux Inuit comment se comporter en « bons locataires », en distribuant des manuels d’apprentissage. Les anciens habitants d’Akulivik, qui avaient été contraints de rejoindre le village de Puvirnituq (100 km plus au sud), décident de revenir s’installer sur leur territoire. Ils y construisent une première maison, puis déplacent des habitations préfabriquées, obligeant ainsi le gouvernement à reconnaitre le village officiellement en 1979. Depuis, les modèles d’habitats se sont développés et diversifiés sur le modèle de bungalow euro-canadien. Peuplé par 615 habitants (2011, Statistique Canada), la démographie est très forte. La moyenne d’âge est de 20 ans, ce qui accentue les besoins en logements dans ce contexte ou la surpopulation est déjà importante.

Le Nunavik est soumis à l’accord de la Convention de la Baie James et du Nord Québécois (CBJNQ) signé en 1975, qui donne aux autochtones une relative autonomie administrative sur leur territoire, mais profite surtout au Québec et aux industriels qui contrôlent désormais les immenses richesses naturelles du Nunavik. Paradoxalement, les communautés sont dépendantes du sud. Le mazout importé par bateau fournit l’ensemble de l’énergie (génératrice pour fournir l’électricité, carburants, chauffages individuels,etc). L’économie des villages offrant peu de travail rémunéré, la majorité de la population bénéficie d’aides sociales. Le bouleversement des modes de vie entraîne de nombreux problèmes sociaux.

Le premier projet aborde la thématique d'"Habiter le territoire". Nous avons élaboré un vocabulaire architectural simple, dont les modules sont construits avec des matériaux locaux (naturels ou réutilisés) et de dimensions adaptées au déplacement et au montage sur place sans l’aide de machines. Nous avons pour cela proposé un Centre de Formation à la construction dans le village ou les matériaux peuvent être stockés (au lieu de passer par la décharge), et les modules préfabriqués à l'intérieur.

Le second projet vise à améliorer les HLM existants. Il aborde la thématique d'"Habiter les saisons" avec une greffe d'une structure terrasse-serre sur les HLM existants, puis il présente un "catalogue des possibles" qui montre plusieurs aménagements intérieurs. Ces propositions permettent d’apporter une plus grande diversité aux modèles d’habitats existants. L’objectif est de ne pas imposer un modèle précis aux habitants mais de leur faire découvrir diverses possibilités d’aménagements, potentiellement réalisables par eux mêmes, ce qui les rendrait pour la première fois véritables « acteurs » de leurs logements.

Ces projets se veulent réalistes, novateurs et réalisables à court terme afin de rendre les Inuit plus autonomes sur la question de l’habitat et en les impliquant, pour la première fois, directement dans le processus de production de leurs logements.